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Les entreprises composent avec les taux bas historiques

AGEFI Dossier Par Yves Rivoal

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Les corporates rallongent leurs financements avant la hausse de taux. Leur placements restent à courte terme, malgré les rendements négatifs.

Dans un contexte politique très incertain, avec en toile de fond la perspective d’une hausse des taux, les corporates ont fait évoluer de manière homéopathique leur stratégie en matière de placements.

« Les comportements sont restés relativement rationnels, constate David Guyot, associé fondateur de Pandat. L’écrasante majorité des trésoriers continuent de gérer leur trésorerie en bons pères de famille. 95 % de leurs placements sont sur des comptes courants, rémunérés ou pas, ou sur des comptes à terme qui, mêmes’ils ont fortement baissé pour tomber à 0,50 %, ont le mérite d’être positifs et garantis en capital. Les très grandes entreprises du CAC 40 complètent cette panoplie avec des OPCVM monétaires qui affichent tous des niveaux de rémunération à zéro ou négative,autour de -0,35 %. »

Benoit Rousseau, directeur du département financement,trésorerie et assurance des Fromageries Bel, applique cette stratégie pour sécuriser le cash de son entreprise. Les 5 % affectés à des produits un peu plus risqués sont investis dans des fonds diversifiés de type crédit ou cross assets. « La gestion du ‘cash’ court terme devient un exercice de plus en plus compliqué,confie Benoît Rousseau.Avec les taux négatifs, il devient très difficile de faire du zéro sur les placements à court et moyen terme. Au bout du compte, le meilleur placement monétaire sans risques, c’est de laisser des soldes positifs sur les comptes… »

Jouer sur les maturités

Pour aller chercher un peu plus de rémunération, certains corporates se positionnent sur des placements monétaires avec un horizon d’investissement un peu plus long.

« Une petite pente s’est installée entre, d’un côté, les placements au jour le jour rémunérés à l’Eonia, dont les conditions à -0,35% sont répercutées plus fréquemment depuis le début de l’année, et de l’autre côté, les placements à un an qui ressortent, eux, autour de 0 % ou positifs, observe Mireille Cuny, responsable mondiale des solutions de liquidité et d’investissements pour les entreprises chez Société Générale CIB. Du coup, certains corporates se tournent vers des dépôts à terme ou des placements en fonds obligataires sur des maturités plus longues, de trois mois à un an. »

« On observe aussi une progression forte des fonds de trésorerie longue non monétaire, notamment ceux qui respectent les critères pour être qualifiés d’équivalent de trésorerie au sens de la norme IAS 7 », complète Jean Eyraud, président de l’AF2I, l’Association française des investisseurs institutionnels.

Trésorier d’Interparfums, Franz Zurenger, diversifie ses placements et ses risques en jouant sur les maturités. « Sur le court terme, à moins de 12 mois, nous avons choisi de suivre les conseils d’asset managers qui nous ont incités à miser sur des Sicav monétaires classées en risque 2, et qui sont aujourd’hui à 0 ou 0 +. Sur ces produits, nous perdons actuellement un peu d’argent, mais ces pertes seront compensées si les taux remontent. » Pour aller chercher de la rémunération, le trésorier d’Interparfums a activé des placements à plus long terme, qui représentent 60% de sa trésorerie. « Nous ne sommes pas allés sur les fonds obligataires, par peur d’un petit krach sur ce marché. Si les taux augmentent, les corporates risquent de sortir pour s’orienter vers des fonds plus sécurisés qui rapporteront la même chose, mais avec moins de risques. » Franz Zurenger privilégie donc des solutions de contournement comme le placement sur le dollar, qui se révèle plus rémunérateur, et qui est toujours associé à une couverture. Un contrat d’assurance vie 100 % fond euro, rémunéré l’an dernier à 2,17 %, et des comptes à terme progressifs sur cinq ans, qui offrent aujourd’hui une rémunération à 0,80 % et qui monteront jusqu’à 2 %, complètent le portefeuille de placements. « Grâce à cette stratégie de diversification, les 220 millions de trésorerie du groupe ont été rémunérés à 0,90 % en 2016, confie Franz Zurenger. Sur 2017, nous devrions être aux alentours de 0,60 %, mais uniquement avec du risque bancaire securisé‘cash and cash equivalents’, et avec des outils qui nous permettent de récupérer notre capital sans pénalité en moins de 30 jours… »

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