La crise que nous traversons n’est pas une crise sans précédent. Jacques Trauman, l’un des deux auteurs du livre « Les Alchimistes de la confiance, une histoire des crises monétaires : de Dioclétien à Nixon, de l’or des Médicis à l’euro. »
Jacques Gravereau (second auteur) nous montre au travers de quelques exemples simples les riches enseignements que l’histoire nous apporte et que nous avons tendance à oublier. Parcourir l’histoire pour ne pas reproduire les erreurs commises dans le passé ou bien pour s’inspirer de solutions déjà mises en place lors de situations similaires. L’idée peut sembler évidente, et pourtant…
LA PÉDAGOGIE
Le premier exemple cité est celui de Solon : homme d’Etat, législateur et poète athénien ayant vécu de 640 à 558 avant J.-C. Celui-ci s’est attaché, entre autres, à réduire la dette publique et privée, en respectant deux principes simples : d’abord, l’effort consenti par la population doit être porté de manière équitable par les différentes classes sociales, ensuite et surtout il a eu le courage de mener à bien des réformes impopulaires grâce à la pédagogie dont il a fait preuve. Le rejet est souvent la conséquence de l’incompréhension.
L’ATTENTE
Pour qu’une mesure soit efficace, Jacques Trauman souligne qu’elle doit intervenir en réponse à une attente des personnes concernées. Il cite ici l’exemple du Rentenmark allemand, mesure prise par l’homme d’Etat Hjalmar Schacht, qui n’a fonctionné QUE parce qu’elle était attendue par la population. Le mécanisme était simple et n’aurait pu avoir aucun impact s’il avait été jugé inapproprié.
LE FÉDÉRALISME
Le dernier exemple cité est sans aucun doute le plus parlant. Dans quelles mesures sommes-nous conscients des difficultés rencontrées par les Etats-Unis d’Amérique lors de la mise en place du pouvoir fédéral et de la monnaie unique en 1792 ? Il est pourtant très intéressant de s’y pencher. Pour cela Jacques Trauman met en avant Alexander Hamilton qui, lors de la mise en place de la monnaie unique aux Etats-Unis, pensait que cela ne pouvait fonctionner si chacun des états émettaient sa propre dette et si l’impôt prélevé ne l’était pas au niveau fédéral. Il existe bien sûr des limites à la comparaison, mais celle-ci a le mérite d’apporter des éléments de réflexions quant à la situation de l’Union Européenne.
Enfin, il est intéressant de se pencher sur le cas de l’Union Latine qui nous rappelle entre autres que ce n’est pas la première fois qu’une union monétaire est créée sans que soient prévues les conditions de sortie. Mais serait-il légitime de demander à un architecte passionné de prévoir dans ses plans l’écroulement de son chef d’œuvre ?
Merci à la DFCG pour son accueil et merci à monsieur Trauman pour son intervention. La construction de Pandat et son développement s’attachent à ces considérations : c’est au regard de certaines dérives de la finance que le choix de revenir à des produits simples et transparents a été fait.
« Les alchimistes de la confiance, une histoire des crises monétaires : de Dioclétien à Nixon, de l’or des Médicis à l’euro. », de Jacques Gravereau et Jacques Trauman aux éditions Eyrolles.