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Une fiche pratique pour (enfin) comprendre le jargon des banques centrales

Les banques centrales jouent un rôle majeur dans l’évolution des taux d’intérêt. Leur langage parfois cryptique rebute les non-initiés : cette petite fiche pratique vous aidera à comprendre leur jargon !

Qu’est-ce qu’une banque centrale ?

Commençons par la base : Les banques centrales sont en quelque sorte les banques des banques.
Institutions indépendantes des États, elles pilotent la quantité de monnaie dans l’économie en régulant à la source la production de crédits.
Les banques centrales ont toutes le même objectif : garantir la confiance dans leur monnaie. Cet objectif très abstrait se décline différemment dans les mandats de chacune des banques centrales.

  • En Zone euro, la Banque Centrale Européenne (BCE) a pour mandat de maintenir l’inflation à un niveau proche mais légèrement inférieure à 2 %.
  • Aux États-Unis, la Réserve Fédérale a trois objectifs : le plein emploi, la stabilité des prix et des taux d’intérêt à long terme modérés.
  • D’autres banques centrales, comme celle de Suisse, cherchent aussi à influencer le cours de change de leur devise.

Qu’est-ce que la politique monétaire ?

La politique monétaire désigne l’ensemble des mesures que peut utiliser une Banque Centrale pour atteindre ses objectifs.
Le principal outil de politique monétaire est le pilotage du niveau des taux directeurs.
Aux États-Unis et en Zone Euro, de nouveaux outils sont venus s’ajouter pour juguler la crise des subprimes en 2008, puis celle des dettes souveraines en 2011. Initialement temporaires et exceptionnels, ils font désormais partie de l’arsenal courant des banques centrales et sont couramment utilisés comme levier d’action au même titre que les mouvements de taux directeurs.

Que sont les taux directeurs ?

En tant que « banques des banques », les banques centrales prêtent aux banques commerciales les liquidités dont elles ont besoin pour leur activité. Le coût de ces liquidités est déterminé par les taux directeurs. Les banques répercutent ensuite ce coût dans les crédits qu’elles accordent. Il se répercute également sur les placements qu’elles proposent.
En Zone Euro, le principal taux est le taux « refi », pour « refinancement ». Il s’applique aux prêts au jour le jour, c’est-à-dire accordés aujourd’hui et remboursés demain. Ce taux est à fixé à 0 % depuis mars 2016, avec peu de perspectives de remontée au moment de la rédaction de cet article. Les banques européennes disposent donc d’une source d’argent gratuit au guichet de la BCE… avec tout de même quelques conditions d’accès, mais une chose est sûre : la liquidité ne manque pas !
La BCE dirige également deux autres taux, qui évoluent dans une fourchette étroite autour du taux refi. Un taux de financement d’urgence, plus élevé (destiné aux banques qui n’arrivent pas à boucler leur liquidité en fin de journée) et un taux de placement des excédents, plus faible (actuellement négatif, il s’applique aux liquidités laissées sur le compte de la BCE).
Les taux directeurs actuels et passés sont consultables sur les sites des banques centrales :

Taux bas ou élevés : quelles conséquences ?

Les taux bas réduisent les coûts de financement des entreprises, des ménages et des États : ils encouragent l’endettement et dopent l’activité économique. Ils découragent également le stockage de liquidités et poussent les investisseurs à chercher du rendement sur des actifs plus risqués. Toutes ces mesures ont un effet inflationniste : elles poussent les prix à la hausse. Cet effet est très visible sur les prix de l’immobilier par exemple.
À l’opposé, les taux élevés renchérissent le coût du crédit, ralentissent l’économie et incitent les investisseurs à placer sur des produits sans risque (monétaire, comptes à terme…). Ils ont un effet déflationniste car ils ralentissent la circulation de l’argent et incitent à la thésaurisation.
Historiquement, la crainte des banques centrales était l’inflation. Aujourd’hui, malgré les taux 0, l’inflation peine à atteindre la cible de 2% en zone euro.

Qu’est-ce que la Forward guidance ?

Pour ne pas brusquer les marchés, les dates de révisions potentielles des taux directeurs sont connues à l’avance. En revanche, entre deux réunions de banque centrale, les anticipations vont bon train et tous les indices sont scrutés de près !
Les banques centrales sont donc extrêmement attentives à leurs discours : elle savent que le marché va interpréter chaque mot. La guidance désigne l’ensemble des éléments verbaux permettant de communiquer au marché les grandes lignes de la politique de taux à venir. Les banques centrales évitent cependant de trop s’engager car leur politique n’est jamais figée.

Qu’est-ce que le QE ou Quantitative Easing ?

Ce terme (assouplissement quantitatif en français) désigne une série de techniques dites non conventionnelles destinées à renforcer l’arsenal des banques centrales, parmi lesquelles l’achat d’obligations à échéance longue sur le marché secondaire afin de faire baisser les taux longs et d’inciter les acheteurs à se reporter sur des actifs plus risqués.
Cette solution est critiquée : les économistes les plus orthodoxes estiment qu’elle reflète l’échec de la politique de pilotage des taux directeurs, voire qu’elle constitue une manipulation de marché.
À l’origine, le Quantitative Easing était un remède exceptionnel. Il est désormais entré dans les mœurs des banques centrales.

Et le (T)LTRO ?

Le LTRO, pour Long Term Refinancing Operations est un programme exceptionnel de la BCE créé en 2011 en réponse à la crise des dettes souveraines de la zone euro.
Cette opération est née du constat que les taux bas n’étaient pas suffisants pour juguler la crise de liquidité : bien plus que le coût des liquidités c’était surtout l’accès même aux liquidités qui posait problème.
La BCE a donc crée un programme de prêts directs aux banques à un horizon de trois ans à taux 0%, grâce auquel 1000 milliards d’euros ont été empruntés. Par la suite, constatant que les banques avait principalement utilisé cet argent pour le replacer sur les marchés et non pour accorder des prêts, est né le TLTRO : Targeted Long Terme Refinancing Operations, qui fonctionne sur le même principe mais avec un engagement de prêts à l’économie sous peine de renchérissement du taux.

Et tapering alors ?

Le tapering (qui vient de l’anglais to taper, effiler) désigne un retrait progressif de conditions exceptionnelles. Lorsqu’une banque centrale annonce qu’elle réduit progressivement la quantité d’obligations qu’elle achète dans le cadre de son quantitative easing, c’est un tapering.

Et Dovish / Hawkish ?

Ces termes opposés, symbolisés par la colombe (dove) et le faucon (hawk), qualifient le caractère accommodant ou non des politiques monétaires.
Dovish caractérise une tendance à l’assouplissement des conditions monétaires (baisse des taux, achats obligataires, largesse du crédit, nouveau programme de LTRO…). À l’opposé, hawkish désigne ce qui a trait au durcissement des conditions (hausse des taux, réduction du volume de titres détenu par une banque centrale, tapering…).
Les financiers emploient ces termes à tour de bras : vous lirez peut-être qu’un président de banque centrale réputé hawkish a surpris le marché car, estimant le contexte très dovish, il a revêtu son costume de colombe et ajusté une forward guidance trop hawkish par un tweet plutôt dovish dans lequel il prône la patience quant au tapering du QE et a même évoqué une reprise du TLTRO !
Vous voyez l’idée !
 
 
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