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L’été 2025 a été principalement marqué au plan géopolitique par les sommets d’Anchorage et de Washington (15 et 18 août) concernant la guerre d’Ukraine. 

On est d’abord frappé par l’absence de document écrit à la suite de ces rencontres. En principe, il y a dans ce genre de circonstance une longue négociation préalable, puis un relevé de décisions et un communiqué final avec des décisions fermes. Ici, rien de tout cela. 

Seulement de vagues conversations et de vagues engagements. Poutine semble avoir reconnu la nécessité de garanties de sécurité de l’Ukraine. Mais le problème est que le concept de garanties de sécurité est très mal défini. 

De plus, toute participation de pays membres de l’OTAN semble toujours refusée par la Russie. Et quid du niveau d’implication des États-Unis ? Sachant que de nombreux pays européens conditionnent leur participation à la présence des USA en second rideau (support aérien, renseignement).

Quant à un sommet tripartite entre Zelensky, Trump et Poutine, ce dernier en a seulement accepté le principe. Mais on ne sait pas s’il le fera et surtout, sur quelle base de négociation. 

Le processus est d’autant plus complexe que Trump a accepté la préférence de Poutine pour un accord « durable » réglant « les causes profondes du conflit » et ait renoncé à un cessez-le-feu préalable. 

Cela rend le processus plus complexe puisqu’il faut régler à la fois à la fois les questions territoriales, les garanties de sécurité et le statut futur de l’Ukraine. Ce qui va sans doute nécessiter un travail diplomatique long et difficile avant qu’une véritable paix paraisse à portée de main.

Pour Poutine, il lui fallait gagner du temps et donner un signe d’ouverture car il redoutait de nouvelles sanctions de la part de Trump. Mais il reste en l’état le maître des horloges. Il n’a pas comme Trump de promesse à combler, d’opposition à museler, d’élection intermédiaire à gagner et de Nobel de la paix à espérer. Son temps n’est pas compté et son indifférence à l’égard des pertes humaines russes semble sans limites. 

Le « racket » européen passe ici, ainsi que l’a révélé le Financial Times, par l’engagement des Européens à acheter pour 100 milliards d’équipements militaires aux États-Unis au profit de l’Ukraine. 

Comme pour l’OTAN et les droits de douane, les Européens sont repartis plutôt satisfaits d’avoir limité les dégâts après la rencontre de Washington. 

La technique Trump, en les menaçant au préalable d’un possible désengagement total, a encore fonctionné. Ils craignaient une décision hâtive à la Trump et au total, il n’y a pas eu de véritable décision. 

Quid de la suite ?

Pour les USA, la réalité de fond est qu’ils se désengagent progressivement du conflit. Dans l’opinion publique et l’essentiel de la classe politique américaine, le sentiment est que c’est une affaire qui concerne avant tout les Européens. Lassés par le manque d’avancées concrètes, les Etats-Unis se désengageraient progressivement des discussions, laissant les Européens se débrouiller avec le dossier ukrainien. Le désintéressement de Trump du dossier nord-coréen lors de son premier mandat (après la rencontre avec Kim Jong-un) constitue à cet égard un précédent.

Et ils ont raison. La guerre dure depuis trois ans et demi et les Européens auraient dû réagir efficacement. Ils ont souvent un langage très volontariste, mais n’adaptent en rien l’action à leur discours et sont étonnamment fébriles à l’idée d’un désengagement américain. 

La dépendance militaire à l’égard des USA est la conséquence d’un long sommeil stratégique qui va bien au-delà de la faiblesse des dépenses militaires en % du PIB.  

Washington n’a probablement au total qu’une seule urgence concrète avec l’Ukraine : finaliser un accord sur les terres rares… Une deuxième phase est peut-être en cours : récupérer les marchés énergétiques russes que l’Europe a perdus.