Paris 01 83 81 81 61 - Lyon 04 81 68 52 40 - Bordeaux 05 33 52 11 23 - Rennes 02 20 06 01 78 - Marseille 04 12 29 01 32 - Toulouse 05 25 53 00 07

Les marchés financiers ont déjà intégré un certain nombre d’anticipations pour 2024, à commencer par une baisse des taux des banques centrales et une économie résiliente. La géopolitique fait en revanche partie des grandes inconnues et pourrait rebattre les cartes.

L’optimisme est de mise pour 2024. Un scénario central s’est imposé dans l’esprit des investisseurs : l’inflation va continuer de se résorber et les banques centrales vont pouvoir baisser leurs taux directeurs, libérant l’économie de ses contraintes de financement. Si tout se passe comme prévu, la plupart des pays occidentaux seront également parvenus à échapper au risque de récession. Les investisseurs continuent ainsi d’opter pour un scénario de « soft landing » et restent globalement optimistes sur l’orientation des résultats d’entreprises.


Les chiffres leur donnent raison : depuis deux ans, l’économie européenne a vu sa croissance ralentir jusqu’à devenir nulle au T3 2023, sans pour autant « plonger dans le rouge » malgré la crise énergétique, l’inflation et les taux élevés. Aux États-Unis, c’est même l’inverse qui s’est produit, la croissance ayant connu une accélération au T3 2023. La bonne santé de l’économie américaine est, à n’en pas douter, de bon augure pour la suite. Dans ses dernières prévisions d’octobre 2023, le FMI prévoyait une croissance mondiale de 2,9% en 2024, globalement équivalente à celle de 2023, dont une croissance 2024 de 1,5% aux États-Unis et de 1,2% en zone euro (1,3% en France).

Des banques centrales dépendantes de l’inflation

Naturellement, rien n’est joué d’avance, notamment du côté des banques centrales, où l’attentisme reste prédominant. Les membres de la Fed envisagent à ce stade 3 baisses de taux de 25 points de base cette année, mais les investisseurs sont convaincus que le mouvement sera bien plus rapide et ont déjà intégré 7 baisses de taux, dont la première interviendrait dès le mois de mars avec une probabilité de 80% (données CME FedWatch au 12 janvier). Du côté de la BCE, le décalage est encore plus marqué : alors que la banque centrale affirme n’envisager aucune baisse des taux à ce stade, les marchés intègrent déjà 5 à 6 baisses de taux, dont la première en avril (soit un mois plus tard qu’anticipé en décembre). Concrètement, ceci se traduit par des taux d’emprunt (et de rendement) décroissants en fonction des maturités et inférieurs au taux €STR de prêt au jour-le-jour.


Nul doute que l’un des sujets clés de cette année restera donc le niveau d’inflation, qui détermine en grande partie la politique de taux des banques centrales. Le sujet est éminemment sensible : le rebond statistique de l’inflation européenne en décembre, annoncé le 5 janvier, a suffi à faire remonter les taux longs en zone euro et à décaler d’un mois les anticipations des investisseurs relatives à la baisse des taux directeurs de la BCE.

Le risque géopolitique reste omniprésent

La principale menace à l’égard de ce scénario de désinflation et de maintien de la croissance est d’ordre géopolitique. Le risque d’une extension du conflit au Moyen-Orient constitue actuellement un sujet de préoccupation majeur, bien que les marchés y aient peu réagi jusqu’à présent.
L’apparition de fortes tensions en mer Rouge a par exemple amené plusieurs compagnies de transport maritime à ne plus emprunter le canal de Suez depuis la fin du mois de décembre et à faire le tour de l’Afrique par le Cap de Bonne Espérance. Cette situation fait craindre la réapparition de difficultés d’approvisionnement depuis la Chine et une hausse importante des tarifs de transport, ce qui se traduirait par un rebond – très redouté – des prix à l’importation.

La situation en Ukraine reste également préoccupante : malgré un front ayant peu évolué en 2023,
le conflit avec la Russie reste particulièrement intense et pourrait basculer en cas de désengagement partiel du soutien américain à l’Ukraine. En ce sens, l’élection présidentielle américaine de novembre revêt un enjeu majeur. À noter que les tensions entre Démocrates et Républicains autour du budget fédéral, qui faisait craindre un risque de « shutdown » aux États-Unis cette année, ainsi qu’un arrêt brutal du soutien à l’Ukraine, a en revanche été évacué suite à un accord bipartisan obtenu le 7 janvier. Reste à savoir si la victoire du parti démocrate progressiste lors des élections taïwanaises du 13 janvier raviveront cette année les tensions entre la Chine et Taïwan.