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Les entreprises peuvent investir leur trésorerie dans des fonds en euros dans le cadre de contrats de capitalisation. Cette solution, intéressante ces dernières années, perd de sa pertinence avec la remontée des taux. Au point de réallouer son capital vers d’autres placements ?

L’âge d’or des fonds en euros est-il révolu ? Au cours des dernières décennies, ce placement typiquement français a largement répondu aux besoins des investisseurs : dégager chaque année un rendement positif permettant de compenser ou dépasser l’inflation. Le tout assorti d’une forte liquidité, les investisseurs pouvant récupérer leur argent à tout moment.

Des rendements bientôt inférieurs aux autres placements « sans risque »

Seul bémol : au fil des ans, les rendements des fonds en euros ont fondu comme neige au soleil, atteignant autour de 1% en début d’année 2022 (versés au titre de l’année 2021). Ce mouvement n’avait rien d’étonnant, ni rien de problématique en période de baisse des taux et de l’inflation. Seulement voilà : face à l’actuel remontée des taux, les rendements des fonds en euros ne seront pas en mesure de suivre la cadence, contrairement à d’autres placements « sans risque » dont les rendements sont indirectement liés aux taux de la BCE.

Comme évoqué le mois dernier, les fonds monétaires devraient par exemple délivrer une performance proche de 3% (du moins supérieure à 2%) en 2023. Les rendements proposés par les banques sur les comptes à terme (CAT) ont eux-mêmes bondi au cours des derniers mois. Face à cela, il est probable que la plupart des fonds en euros versent un rendement toujours inférieur à 2% début 2023 (au titre de 2022) et début 2024 (au titre de 2023).

En cause : une forte inertie liée aux règles de gestion des fonds en euros

La raison de ce « retard » est bien connue des investisseurs familiers du sujet. Les fonds en euros sont principalement investis dans des obligations de long terme (souvent 7 à 10 ans) et leur rendement est issu des intérêts versés annuellement par ces obligations. Pendant plusieurs décennies, ce système a été bénéfique aux investisseurs, qui pouvaient encore recevoir en 2015 des intérêts situés entre 2 et 3% par an, issus d’obligations achetées quelques années plus tôt, alors même que les taux du marché monétaire étaient devenus négatifs.

Au fur et à mesure de leur arrivée à échéance, ces obligations ont progressivement été remplacées dans les fonds en euros par de nouvelles obligations aux taux plus faibles. D’où des rendements en baisse au fil des années. Cette même inertie se retrouve désormais en période de remontée des taux : les gestionnaires de fonds en euros devront d’abord attendre que les obligations à taux bas qu’ils détiennent arrivent à échéance avant de les remplacer progressivement par de nouvelles obligations à taux plus élevés.

Que faire ?

Face à ce constat, il est naturel d’envisager de réallouer son capital vers d’autres placements tout aussi « sûrs » et mieux rémunérés. Plusieurs éléments doivent néanmoins être pris en compte dans cette manœuvre.

En premier lieu, en ce mois de décembre, il convient d’attendre le versement des intérêts des fonds en euros, qui a lieu en janvier ou février. Ce versement pourra éventuellement démontrer la capacité de certains assureurs à déjouer les pronostics et verser un rendement « correct » en puisant dans leur « provision pour participation aux bénéfices » (PPB), qui désigne une somme que les assureurs peuvent mettre en réserve certaines années pour améliorer le rendement des fonds en euros en temps voulu.

Par ailleurs, certains assureurs intègrent une part non négligeable d’investissements en immobilier dans la gestion de leur fonds en euros, ce qui pourrait également participer à une bonne surprise sur les rendements versés en début d’année prochaine, toutes proportions gardées.

Si les rendements versés en janvier-février restent jugés insuffisants face à d’autres placements, une réallocation du capital sera alors légitime. Un élément doit être gardé à l’esprit : en se tournant vers d’autres placements, les investisseurs perdront la garantie en capital dont ils bénéficiaient avec l’« effet cliquet » de leur fonds en euros, garantissant que tout rendement engrangé ne peut plus être perdu au cours des années suivantes. En contrepartie, leur capital ne sera plus sous la menace de la loi Sapin II, qui permet depuis 2017 aux assureurs et bancassureurs de bloquer les retraits sur les fonds en euros en cas de crise dans la gestion de ce type de placement.