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Marchés actions : l’heure des soldes

Les marchés actions connaissent un repli notable depuis le début d’année, notamment en ce qui concerne les valeurs de la « tech » et du luxe. Mais à quelque chose, malheur est bon : certains titres retrouvent des valorisations plus attractives, tandis que d’autres se distinguent par leur résistance.

Au cours du mois de mai, la presse économique n’a pas été tendre avec les marchés boursiers : « Wall Street : le pire début d’année depuis 1939 » (Les Echos), « Une bulle a explosé » (L’Express), « La fête est finie » (Les Echos). De fait, les grands indices boursiers évoluent tous en territoire négatif depuis le début d’année, qu’il s’agisse du CAC 40 français (-12%), de l’Euro Stoxx 50 européen (-15%), du S&P 500 américain (-18%) ou plus encore du Nasdaq (-28%), l’indice de la « tech US »*.

Une affaire de taux

En cause : l’impact de la guerre en Ukraine bien sûr, générant des craintes sur la croissance mondiale, mais aussi et surtout l’arrêt des politiques de relance monétaire « post-pandémiques » des banques centrales. L’objectif premier de la Fed et de la BCE est désormais de juguler l’inflation : pour cela, les institutions monétaires doivent remonter leurs taux directeurs.

Ce changement de paradigme est loin d’être neutre pour les marchés actions. Il entraîne en effet une hausse des rendements sur les marchés obligataires, pouvant amener certains investisseurs à délaisser les actions pour revenir vers des produits de taux désormais mieux rémunérés. Mais surtout, la hausse des taux a un impact sur les modèles de Discounted Cash Flows (DCF) utilisés par les professionnels des marchés pour estimer la valeur théorique des entreprises en bourse. Ces modèles sont très sensibles au niveau des taux d’intérêt, notamment lorsqu’il s’agit de valoriser une entreprise dont les bénéfices sont attendus en forte hausse à long terme. Ainsi, lorsque les taux montent rapidement, les investisseurs doivent réviser en forte baisse leur estimation de la valeur des sociétés dites « de croissance », à commencer par celles de la « tech » américaine. Tel est le revers de la médaille : depuis de nombreuses années, ces mêmes modèles justifiaient au contraire une forte hausse des valeurs « de croissance » dans un contexte de baisse des taux.

Même les célèbres GAFA, pourtant réputés pour leur solide parcours boursier, chutent de leur piédestal. Apple perd ainsi 22% depuis le début d’année, Amazon recule de 35% et Meta (ex-Facebook) dégringole de 42%*. Au point que ces sociétés retrouvent parfois des ratios de valorisation relativement bas. À titre d’exemple, une valeur comme Meta est actuellement valorisée 14 fois ses bénéfices**, un ratio dans la moyenne du marché, très éloigné d’une situation de bulle. Tel n’est pas le cas d’Amazon, toujours valorisée plus de 50 fois ses bénéfices** malgré son repli des derniers mois. En France, les valeurs de croissance sont surtout représentées par le secteur du luxe, qui subit la même tendance avec les replis de LVMH (-23%), Hermès (-32%) ou encore Kering (-36%).

La revanche de la « vieille économie »

À l’inverse, les valeurs de l’économie « traditionnelle » résistent mieux : dans le jargon boursier, on parle de « rotation sectorielle » lorsque les secteurs « gagnants » et « perdants » s’inversent. Ainsi, certaines sociétés qui avaient sous-performé en 2020 et 2021 affichent désormais d’importantes progressions depuis le début de l’année 2022, notamment dans la grande distribution (Carrefour : +18%), l’énergie (TotalEnergies : +15%), la santé (Sanofi : +15%) ou encore l’armement dans le contexte de la guerre en Ukraine (Thales : +52%).

Deux exceptions doivent toutefois être notées avec le secteur bancaire et le secteur automobile. L’automobile, incarnant parfaitement « l’économie traditionnelle », souffre à la fois de ses faibles ventes, des sanctions à l’encontre de la Russie, des reconfinements en Chine et des pénuries de composants électroniques. Il n’en fallait pas plus pour faire plonger Renault (-20%), Stellantis (-18%) et Michelin (-19%). Du côté des banques, les investisseurs craignent surtout les conséquences multiples du conflit en Ukraine. BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale perdent ainsi 11%, 17% et 18% depuis le début de l’année, alors même que ces établissements n’ont jamais été aussi solidement capitalisés et que leurs profits, de nouveau solides après une année 2020 compliquée, seront favorisés à l’avenir par les taux plus élevés. On notera que ces établissements affichent ainsi des valorisations extrêmement bon marché : à titre d’exemple, Société Générale n’est valorisée de 4 fois ses bénéfices annuels et Crédit Agricole 6 fois**.

Pour les investisseurs disposant d’un horizon de placement de long terme, l’évolution des marchés actions depuis le début de l’année peut donc être synonyme d’opportunités. Pour les investisseurs à la recherche d’un certain niveau de sécurité, il est également possible d’aborder ces marchés à travers un investissement en « auto-calls ». Ces produits financiers permettent en effet de s’exposer à la performances d’une action ou d’un indice bousier sous-jacent tout en bénéficiant d’une garantie partielle en capital.

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Les analyses présentées dans cet article se fondent sur des données publiques et ne constituent pas des conseils d’achats.

* Performances depuis le début d’année à la clôture du 20 mai 2022.

** Les ratios capitalisation/bénéfices annuels (« PER ») indiqués dans cet article sont issus des données du site Investing.com à la clôture du 20 mai 2022.