Les résultats du stress test imposé à 51 banques vendredi dernier (29 juillet 2016) par l’Autorité bancaire européenne (EBA) ont révélé des résultats bien contrastés de pays en pays. 8 ans après la crise, celle qui a particulièrement affaibli le système bancaire européen, qu’en est-il de la santé des banques et plus particulièrement des banques françaises ?
En quoi consiste le stress test de l’ABE ?
Ces tests ont été effectués sur 51 banques dont 37 basées dans la zone euro et supervisées par la Banque Centrale Européenne. Cette série de tests et le 3 ème depuis la crise financière de 2008. Cependant, cette fois, ils ne comportaient pas de seuil d’échec ou de réussite.
« Il vise à mesurer la capacité des principales banques de l’UE à résister au choc économique théorique sur une durée de 3 ans » (LesEchos.fr).
En se basant sur les tests conduits l’année dernière, les analystes « ont fixé un seuil officieux de succès correspondant à un ratio de fonds propres durs de 5.5% ».
Quel était le scénario ?
Il incluait « une chute du Produit Intérieur Brut de l’UE de 7.1% par rapport au scénario de référence sur les 3 prochaines années, et sur une baisse de 20% des revenus d’intérêt. » De plus, les tests prenaient en compte les conséquences des comportements à risque des établissements bancaires (amendes, implications financières d’accords amiables sur les fonds propres pendant la durée retenue pour les tests).
Des résultats contrastés de banques en banques
Si les géants bancaires sont moins rentables qu’hier, ils sont en revanche beaucoup plus solides : en effet, leur ratio de fonds propres « durs » atteigne 13.2% en 2015, bien au dessus du ratio atteint en 2014.
Les banques à la dérive
Ces résultats ont pointé du doigt 14 banques à la dérive. Parmi elle, Monte dei Pashi, qui, lors du scénario négatif de l’EBA a vu son ratio perdre 14% ce qui la ferait passer en territoire négatif ! D’autre part, et cela peut paraître surprenant, les allemandes Deutsche Bank et Commerzbank subissent également de plein fouet le scénario noir, au côté des banques nationalisées au cours de la crise aux Pays-Bas, en Irlande et bien sûr au Royaume-Uni.
Un panel de banques solides
Les banques françaises ont traversé l’épreuve sans grand problème : l’impact qu’elles ont subi sur leurs fonds propres s’élève à 294 points de base (soit 2.9%).
A priori, la plupart des « banques européennes résisteraient bien à une autre crise » (Anthony Kruininga, PwC). Celles-ci sont bien plus résistantes qu’il y a 2 ans. Cependant, des efforts doivent être encore accomplis pour que le système bancaire européen dispose d’une meilleure « assise en terme de capitalisation ».
Des banques françaises renforcées
Le modèle de banque universelle, gage de robustesse
La Banque de France se félicite : « Les résultats définitifs, publiés par l’ABE, montrent que les banques françaises confirment leur solidité et leur capacité de résistance à des chocs sévères ».
En effet, elles sont robustes, renforcées, et cela grâce à leur modèle de banque universelle*. Ce modèle a permis, notamment à BNP Paribas et au groupe BPCE, d’afficher des résultats nets en croissance, d’avoir des fonds propres largement consolidés et de contrer les conséquences des taux bas.
Des disparités au sein des banques françaises
Si certaines banques ont réussi haut la main les stress test, ce n’est pas le cas de l’ensemble des banques françaises. Pour exemple, la banque de détail souffre. En France, le pôle de marché domestiques a chuté de 10%. Pour causes, la faiblesse du niveau des taux d’intérêt qui réduit les marges de crédit et le contexte de marché qui décourage les opérations boursières. Cependant, pour de nombreuses banques, leur coût du risque a continué de décroître. Enfin, les banques de financement et d’investissement se portent de mieux en mieux avec +1.4% de revenus.
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Ainsi, si les banques françaises ont prouvé grâce à ce stress test leur solidité, ce n’est pas le cas de toutes leurs homologues européennes. Depuis 2008, elles ont su bouleverser leurs modèles en élargissant leurs compétences et leurs métiers (par exemple, l’activité d’assurance est très rentable) et se digitalisent à vitesse grand V tandis qu’elles resserrent de plus en plus les coûts. Aujourd’hui, nous pouvons être quasiment certains, que même dans le pire des scénarios, nos banques françaises resteront debout. Elles sont encore et toujours des partenaires de confiance à qui confier votre épargne.
* Les banques universelles ou globales (Barclays, BNP Paribas, Citigroup?) sont des grands conglomérats financiers regroupant les différents métiers des banques de détail, des banques de financement et d’investissement et des banques de gestion d’actifs. (LesEchos.fr)