8 décembre 2025

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La hausse des taux longs japonais. Danger ?

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La hausse des taux longs japonais. Danger ?

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Alors que les taux d’intérêt longs américains et européens ont plafonné à l’automne 2023, pour entamer ensuite une (laborieuse) décrue, les taux longs japonais ont continué leur remontée (voir graphique ci-dessous) amorcée au début 2022, à partir d’un niveau proche de 0%.

Dans la période récente, il y a eu 4 sources de tensions.

1/ Une montée des inquiétudes sur la situation budgétaire après l’annonce par Mme Takaichi d’un plan de relance d’un montant d’environ 3% du PIB, largement financé par de nouvelles émissions de dette (environ 70%). Ce plan de relance comprend notamment :

Des baisses d’impôts et hausses du seuil d’exonération

Des aides et subventions diverses aux ménages (gaz, électricité, allocations familiales, baisse de la taxation de l’essence…)

Des investissements stratégiques

2/ Un discours dur du gouverneur de la BoJ Ueda qui signale une hausse des taux directeurs de la BoJ lors de la réunion de décembre

3/ Une inflation résistante (2,7% en novembre ; 2,8% pour inflation sous-jacente), avec une inflation moyenne de 3,1% en 2025 contre 2,7% en 2024. Avec une reprise économique et une croissance du PIB de 1,3% en 2025 contre -0.2% en 2024.

Autrement dit, le pays est sorti de la déflation.

4/ La Bank of Japan réduit progressivement ses achats d’obligations souveraines (JGB).

Partant de là, il y a 2 sources d’inquiétudes ;

a) D’abord la soutenabilité de la dette japonaise alors même que le ratio dette publique/PIB atteint 230% en 2025. En réalité, il faut prendre en compte la hausse de la croissance nominale japonaise : c’est parce que l’économie japonaise est sortie du régime déflationniste des années 90-2010 que les taux longs montent. On peut tabler sur une croissance nominale du PIB japonais autour de 2,5% pour les 5 prochaines années comparativement à un niveau à peine positif entre 1995 et 2015.

Dans le même temps, le taux apparent sur la dette (le taux moyen de financement du Trésor japonais) va progresser mais moins vite que le taux 10 ans (au rythme de renouvellement du stock de dette), sachant qu’actuellement, la maturité moyenne de la dette publique est de 9,5 ans. Qui plus est, le Trésor japonais s’achemine vers des échéances plus courtes.

Il ressort au total que sous ces hypothèses, la dette publique japonaise se stabiliserait autour de 225-230% du PIB. Evidemment, cela suppose une certaine crédibilité de la politique budgétaire japonaise avec un déficit primaire qui resterait autour de 1,5% du PIB (son niveau actuel). Si la nouvelle Premier Ministre devait par exemple creuser le solde primaire vers 3% du PIB à la suite d’une politique budgétaire volontariste, la dynamique de la dette ne serait plus soutenable : la dette publique atteindrait 235% d’ici 5 ans.

b) La 2ème source de préoccupation concerne l’impact des tensions obligataires japonaises sur les taux mondiaux compte de la part significative d’obligations étrangères dans le portefeuille des investisseurs institutionnels japonais.

Ces derniers sont naturellement tentés de procéder à des réallocations de portefeuille au détriment des obligations souveraines américaines et européennes. Il existe donc un certain potentiel de réverbération de la hausse des taux longs japonais sur les taux longs du reste du monde. Et certains pays sont un peu plus à risque que d’autres, comme les Etats-Unis, la France et l’Australie du fait d’une exposition forte aux créanciers japonais.

Il apparaît toutefois en l’état que ce potentiel de réverbération serait toutefois assez limité : nous n’envisageons pas des effets supérieurs à 5/10 pb pour la France et les Etats-Unis en année pleine. Les flux potentiels de ventes par les investisseurs japonais sont en effet faibles au regard du stock total de dette souveraine des pays concernés.

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